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28 juin 2022

La reconnaissance faciale, une opportunité ou une menace?

par Hugues Foltz Vice-président exécutif

Technologie, Intelligence artificielle

Le temps des fêtes que nous venons de traverser n’aura certainement pas été de tout repos. En effet, la flambée des cas de coronavirus a forcé bon nombre d’entre nous à remanier nos plans, à courir les centres de dépistage et à questionner notre entourage sur leurs moindres faits et gestes.

La plupart du temps, tenter de retracer les déplacements des personnes atteintes de la COVID représente un véritable casse-tête. Afin de faciliter le processus, des applications gouvernementales de traçage numérique ont été mises en place pour tenter de localiser nos allées et venues, et nous avertir lors d’une possible éclosion. Pour que celles-ci soient efficaces, cependant, encore faut-il que tout le monde s’en serve assidûment.

Ne serait-il pas plus simple de laisser ce travail aux caméras de sécurité, qui sont déjà omniprésentes dans nos commerces, nos établissements publics et même nos maisons? Pourquoi ne pas s’en servir pour scanner le visage des clients, accumuler de la donnée et ensuite retracer l’itinéraire précis d’une personne atteinte de la maladie?

Si vous pensez qu’un tel système de surveillance n’est possible que dans des romans dystopiques comme 1984, détrompez-vous. La reconnaissance faciale est une technologie bien vivante et elle continue de gagner en popularité partout sur la planète.

Le principe de la reconnaissance faciale ne date pourtant pas d’hier. Depuis 1960, de nombreux chercheurs s’affairent à peaufiner son développement. Au cours des dernières années, l’intelligence artificielle a ouvert un monde de nouvelles possibilités dans ce domaine. Aujourd’hui, plusieurs pays l’utilisent sur une base régulière, souvent dans les aéroports et au sein des forces de l’ordre. De plus, l’utilisation de données biométriques de sécurité n’est souvent plus un secret pour ceux qui possèdent des appareils intelligents. En une simple numérisation de notre visage, il est désormais possible de déverrouiller un téléphone, d’accéder à un compte en banque ou d’effectuer des achats.

En Écosse, d’ailleurs, quelques écoles ont récemment adopté ce système pour permettre aux étudiants de payer leurs repas à la cafétéria sans carte de crédit ni argent comptant. Cette méthode, jugée beaucoup plus rapide et sécuritaire, demeure cependant sur une base volontaire. Bien entendu, la nouvelle en a fait sourciller plus d’un, car de toutes les avancées de l’intelligence artificielle, la reconnaissance faciale est parmi celles qui suscitent le plus de débats éthiques. Et ce n’est pas sans raison : violation de la vie privée, profilage, vol d’identité et abus de pouvoir sont certains des enjeux qui ont poussé divers pays du monde à limiter ou tout simplement bannir l’utilisation de cette technologie.

L’exemple qui nous vient souvent en tête est celui de la Chine avec son projet de «crédit social», qui utiliserait notamment la reconnaissance faciale pour superviser les déplacements, les habitudes, les achats et les comportements des citoyens. Selon un système de pointage prédéterminé, les actions posées par un individu pourraient lui valoir des points et des avantages supplémentaires, ou à l’inverse lui restreindre l’accès à certains services. Le projet n’en est pas encore à sa forme finale et il contient bon nombre de subtilités, mais il n’en demeure pas moins un excellent aperçu de toute l’emprise des technologies sur notre quotidien et notre vie privée.

Il ne faut pas non plus oublier Facebook, l’un des pionniers dans le domaine, qui possède une impressionnante base de données de plus d’un milliard de visages numérisés, accumulés depuis le début du projet en 2010. Cette fonctionnalité, se voulant d’abord un simple outil pour identifier rapidement des usagers dans des photos, est rapidement devenue un instrument de profilage et de surveillance utilisé à tort par les autorités. La question éthique était d’ailleurs si sensible, et les abus si fréquents, que Facebook a récemment décidé de désactiver sa fonction de reconnaissance faciale et de supprimer toutes les données relatives à celle-ci. Reste à voir si cette promesse sera réellement tenue…

Mais la reconnaissance faciale n’apporte pas que du mauvais, au contraire. Tout comme les empreintes digitales, le visage est unique à chacun, et permet de sécuriser de nombreux aspects de nos vies comme jamais auparavant. Si l’idée d’être surveillé par des caméras n’est pas particulièrement attrayante, dites-vous que cette même technologie permet de retracer des criminels, de retrouver des personnes portées disparues et de prévenir des infractions dans des temps records. Qui plus est, notre visage est un excellent indicateur de notre état de santé physique et mentale. La reconnaissance faciale est utilisée en médecine pour détecter certaines maladies génétiques, évaluer les émotions d’un patient en temps réel, mesurer le taux de douleur et même pour prévenir des suicides.

Un monde où nos gestes sont constamment épiés et analysés peut paraître déshumanisant, j’en conviens. Quand notre visage devient une donnée numérique pouvant être exploitée, il faut se questionner sur les mesures qui sont prises pour nous protéger. Pourtant, le but de cet article n’est pas de vous faire peur, mais plutôt de vous conscientiser sur l’aspect profondément humain qui accompagne toutes les nouvelles technologies.

Plus que jamais, nous sommes confrontés à des pratiques technologiques qui ne cessent de gagner en efficacité et en précision, et dont personne n’est totalement à l’abri. Je ne le répéterai donc jamais assez : l’IA est un outil particulièrement puissant et il est primordial de bien en saisir les mécanismes pour pouvoir faire la différence entre une utilisation malveillante et judicieuse de celle-ci.

Plus les gens seront sensibilisés aux enjeux éthiques qui entourent le monde technologique de demain, plus nous pourrons concentrer nos efforts sur les belles possibilités que l’intelligence artificielle nous réserve!