25 mai 2021
Comment être 25% plus efficace en contrôle de la qualité avec de l'IA?
Intelligence artificielle
Hugo D’Astous est directeur général chez Patates Dolbec. Leader dans l’Est du Canada, l’entreprise produit, emballe et distribue plus de 100 millions de livres de patates par année. Elle a récemment implanté de l’intelligence artificielle dans sa chaîne de production, et les résultats obtenus l’ont jetée par terre. Aux manufacturiers qui prétendent qu’ils ne peuvent pas améliorer leur équipement, voici un exemple éloquent du contraire!
Selon M. d’Astous, au départ, l’idée n’était pas de commencer un projet 4.0 pour simplement suivre la tendance, mais plutôt de « s’automatiser, simplifier les processus, aider les opérateurs et informatiser tout ce qui pouvait s’informatiser pour que les gens puissent faire des tâches à valeur ajoutée ».
Un des projets de transformation numérique a donc visé l’amélioration de l’efficacité de la machine de tri optique. Bien que l’entreprise ait fait le tour de la planète pour trouver la meilleure technologie qui répondrait à ses besoins et trierait efficacement les patates, la machine affichait tout de même un taux d’erreur de 30 %. Cela obligeait les employés à trier manuellement une partie des patates, causant ainsi la perte d’une importante quantité de pommes de terre en santé et des revenus qui y étaient associés. Dans une industrie où la pénurie de main-d’oeuvre persiste, il était donc crucial de trouver une solution plus efficace, d’où l’idée d’améliorer la performance de la machine avec de l’IA.
Allez-y une étape à la fois
Selon M. d’Astous, il est essentiel d’aborder ce type de projet phase par phase. Il faut bien planifier le projet dans son ensemble et ensuite se concentrer sur une seule étape à la fois. Dans le cas du projet l’automatisation de la chaîne de production, il s’est demandé : «Est-ce que j’ai confiance et est-ce que je suis prêt à gambler un premier montant de 200 000 $? Si oui, alors allons-y et planifions le tout correctement.»
Ainsi, de phase en phase, l’équipe s’est fixé de nouveaux objectifs, et le projet a progressé pour finalement aboutir à des résultats qui ont dépassé les attentes. Par contre, il rappelle qu’il y a toujours des risques liés aux projets d’innovation et qu’il faut être prêt à l’assumer quand on décide de se lancer!
À l’heure actuelle, beaucoup de manufacturiers au Québec affichent un retard technologique, car les PME ont de la difficulté à faire le saut et à investir dans leurs projets d’innovation.
utilisez les leviers financiers à votre disposition
C’est pourquoi M. d’Astous suggère aussi aux entreprises de profiter pleinement des programmes de subvention qui sont à leur disposition : «Si l’IA est rendue dans les patates, il faut que le reste du Québec se réveille!» Patates Dolbec admet d’ailleurs que ces subventions lui ont permis d’aller de l’avant avec le projet d’IA, sans quoi la taille de l’entreprise ne lui aurait pas permis d’implanter une telle technologie. Au fil des ans, l’organisation a utilisé plusieurs leviers financiers, dont le programme INVEST-AI pour son projet d’automatisation du processus de triage.
Pour terminer, M. d’Astous recommande aux entreprises qui amorcent un projet de transformation numérique de prendre le temps de bien comprendre et d’auditer le potentiel de l’équipe d’IA avec qui elles désirent travailler. «C’est important de choisir le bon partenaire, car l’intelligence artificielle passe par l’expertise des gens.» M. d’Astous admet que ses expériences passées avec des fournisseurs technologiques l’ont mené à constater que «beaucoup sont là pour charger des heures et finalement tout finit par coûter une fortune». Cela a forcément engendré une crainte de ne pas obtenir les résultats escomptés dans les limites du budget établi, d’où l’importance d’accorder une attention particulière au choix du bon partenaire. «Un projet, ça a un début, et la fin, on ne la connaît pas toujours avec précision. Il faut donc s’assurer que dans les moments difficiles, on est avec des gens avec qui on va être main dans la main dans le projet.»
Résultats
Au final, l’implantation de l’IA dans le processus de contrôle de la qualité aura permis à Patates Dolbec de gagner pas moins de 25 % en efficacité, car le taux d’erreur est passé de 30 % à 5 % en l’espace de seulement quelques mois. La puissance des technologies en 2021 reste tout simplement sous-estimée par une vaste majorité des manufacturiers. Arrêtons de faire faire à l’humain ce pour quoi la machine et la technologie sont bien meilleures!