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20 déc. 2023

De développeur à CEO : l’inspirante histoire de Kevin Moore et de la culture de Vooban

par Vooban

Culture

Comme rien ne vaut de l’information de première source, nous avons rencontré le CEO et fondateur de Vooban, Kevin Moore, afin de lui tirer les vers du nez. Comment est-il passé de développeur à CEO d’une entreprise de 130 personnes? Comment a-t-il réussi à instaurer une culture d’entreprise forte et la conserver malgré la croissance de son entreprise? Quelle est sa vision stratégique pour le futur? Pense-t-il que l’IA nous fera tous périr? Découvrez-en plus ci-dessous.

Formation et débuts

Saviez-vous qu’aussitôt terminé son DEC en informatique en 2001, Kevin s’est engagé dans un stage au Panama pour la Banque mondiale de développement? C’est au retour de cette expérience enrichissante, armé de ses disques durs, qu’il a lancé sa première entreprise nommée Éclipse Technologies. Avec du recul, Kevin admet que, bien que formatrice, cette tentative était vouée à l’échec; il était jeune, ne comprenait pas la valeur de ce qu’il produisait et ne savait pas comment vendre. À titre d’exemple, il lui est arrivé de fournir des solutions logicielles comportant des mois de travail pour aussi peu que 5000$! Et cela, bien entendu, comprenait les modifications après la livraison…

Bref, à un certain moment, il a compris que son modèle d’affaires n’était pas viable et a vendu sa compagnie à une autre, tout en acceptant de poursuivre son travail avec eux. Puis, cette entreprise a elle aussi vendu à une autre, plus grosse. S’il voulait tout d’abord continuer d'œuvrer pour eux, les bureaux se trouvaient si loin de chez lui qu’il a décidé de partir chez DMR (maintenant Fujitsu) travailler en recherche et développement pour la défense du Canada, où il est resté 7 ans.

*Anecdote : À l’époque, la personne qui engageait chez DMR avait jeté le CV de Kevin Moore parce que son nom, combiné au fait qu’il avait inscrit par inadvertance sur son CV qu’il parlait seulement anglais, avait rappelé au recruteur une vieille rengaine contre les anglophones… Ah, le Québec des années 2000!

Puis, la vie étant ce qu’elle est, Kevin a été engagé ailleurs. Il s’agissait d’une place où il devait commencer un gros projet pour lequel il avait recruté des développeurs parmi ses anciens collègues de DMR. Cependant, les contrats tardaient à se signer et une lumière s’est finalement allumée chez Kevin.

S’il avait les ressources, les employés et les contacts, pourquoi ne pas retenter sa chance à lancer sa propre entreprise? C’est à cette époque-là que l’idée de Vooban a commencé à se développer entre amis, autour de nombreuses bières.

Vooban

Commençons par aborder l’éléphant dans la pièce : ce drôle de mot qui fait office de nom pour l’entreprise. Quel a été le raisonnement qui a mené à ce choix? Kevin, ainsi que les amis et développeurs avec qui il réfléchissait à la conception de Vooban, voulait trouver un mot qui ferait référence à la défense, car ils y avaient tous travaillé, mais également à la ville de Québec, l’endroit où ils habitaient.

Ils sont finalement tombés sur un personnage historique français, Sébastien Le Prestre de Vauban, dont le travail en tant qu’ingénieur de la défense a inspiré les plans de l’actuelle citadelle de Québec. Le nom Vauban était déjà pris par une firme d’architecture, mais en modifiant légèrement l’appellation pour y ajouter deux «O», l’affaire était ketchup!

Anecdote : Selon Kevin, choisir comme nom d’entreprise un mot que personne n’est capable de prononcer, ce n’est vraiment pas tant une bonne idée! Il raconte qu’une fois, alors que Vooban venait de gagner un prix d’entreprise de l’année, il se préparait à monter sur scène pour faire un discours, mais a réalisé que quelqu’un s’y trouvait déjà! La personne devait avoir entendu ce qu’elle voulait entendre, lorsque l’animateur avait massacré le mot Vooban dans le micro… 

 

Au départ, Vooban était une boîte de consultation en informatique. Au fil du temps, ils ont commencé à signer des projets, puis ils ont eu de grands succès, ce qui a emmené d’encore plus gros clients désirant réaliser des projets informatiques à collaborer avec eux. La portion consultation de l’entreprise s’est arrêtée pour de bon en 2017 afin de laisser toute la place au développement informatique.

La vocation de la boite n’est pas la seule chose à avoir évolué. Effectivement, le logo a vécu toute une aventure lui aussi! Au départ, il était vert et son design rappelait la citadelle de Québec. Avec les années, il a été épuré afin de ne conserver que le «V», il est devenu bleu et s’est transformé jusqu’à prendre la forme qu’on lui connaît aujourd’hui. 

Aujourd’hui, Vooban fête ses 13 ans d’existence. D’une petite gang de développeurs, jusqu’à une boîte de 125 employés répartis entre Québec et Montréal, l’entreprise s’est radicalement transformée et s’est spécialisée en intelligence artificielle appliquée en entreprise.

Récemment, Vooban a même laissé entrer son premier investisseur, et pas le moindre : la CDPQ. Qu’est-ce que ça change, un investisseur? Premièrement, ça fait rentrer de l’argent dans les coffres de l’entreprise, donc ça propulse sa croissance. Mais surtout, ce qui rend le cas de Vooban unique, c’est qu’en nous ouvrant les portes de leur portefeuille d’investissement, la CDPQ s’assure un partenaire fiable pour aider les autres entreprises dans lesquelles elle a investi à s’automatiser et à devenir plus productives.

La culture d’entreprise chez Vooban

Pourquoi c’est autant hot, chez Vooban? Les employés des premiers temps s’étonnent encore que lors de leur arrivée, la culture d’entreprise était déjà fortement présente et s’est conservée avec le temps. D’où provient-elle? Quel est le secret de sa longévité?

Lorsqu’il travaillait chez DMR, Kevin était entouré de développeurs qui étaient animés par leurs tâches. Même si le travail était exigeant, personne n’entrait à reculons au bureau et surtout, ils s’amusaient ensemble. C’est cette ambiance décontractée, mais axée performance, que Kevin a voulu recréer. 

On ne peut parler de culture sans aborder le livre des principes Vooban. En s’informant sur le sujet, Kevin est rapidement tombé sur quelques livres qui l’ont marqué et qui représentaient bien sa vision, dont Principles par Ray Dalio. 

L’auteur de ce livre, lui-même propriétaire d’une entreprise, se questionnait à chaque fois que quelque chose ne fonctionnait pas dans son équipe, puis écrivait la leçon qu’il en tirait sous forme de principe. Kevin a alors fait le travail d’en extirper ce qui convenait aux façons de fonctionner qu’il désirait maintenir chez Vooban. En a résulté un livre contenant 169 principes et qui est remis systématiquement à chaque employé qui commence chez Vooban.

 

D’accord, mais lorsqu’une boîte passe de 10 employés à 125, comment fait-on pour garder une culture d’entreprise intacte? Eh bien, la réponse est bien simple : on prend soin de notre monde. Non seulement Vooban propose des avantages sociaux hors de l’ordinaire, mais investit également beaucoup dans les activités visant à créer des liens entre les employés.

Les processus d’entrevue pour entrer dans l’entreprise sont longs, parce que les recruteurs prennent soin de choisir l’humain, pas juste les compétences. On parle ici de 3 à 4 entretiens et d’un test technique.

D’ailleurs, voici un conseil d’entrevue de la part du CEO! «Arrive préparé, aie du fun et sois toi-même, parce que chez Vooban, personne ne fait semblant. On va te prendre comme tu es, avec toutes tes bizarreries, tant que tu es performant dans ton domaine et que tes valeurs s’alignent avec les nôtres. Oh et prépare-toi à répondre à des questions comme celle-ci : Si je te téléporte 400 ans dans le passé et que le seul moyen de revenir dans le présent est de convaincre les gens que tu viens du futur, comment t’y prends-tu?»

Une fois que ces gens-là sont choisis, Vooban veut absolument les garder! Un bon moyen de le faire est de leur donner assez de rétroaction. Une des valeurs principales de la compagnie est d’ailleurs on se dit les vraies affaires. Et ça, ça fonctionne dans les deux sens! Pour eux, il est primordial de rester ouverts aux commentaires des employés et de reconnaître leurs problèmes au lieu de se mettre la tête dans le sable! 

La question qui tue

En tant que CEO d’une boite d’intelligence artificielle, Kevin a une vision assez mitigée de l’influence que l’IA aura dans l’avenir. Il ne peut pas nier qu’il est aux premières loges pour assister à tous les miracles que celle-ci crée en termes de productivité. Cependant, il reconnaît également qu’elle créera des enjeux de société, parce que certaines personnes vont devenir super productives avec l’IA, alors que d’autres seront tout simplement dépassées et éventuellement remplacées, car elles ne sauront pas suivre la cadence.

Selon lui, dans les 5 à 10 prochaines années, nous assisterons à une révolution industrielle aussi importante que celle des années 1900. Ces changements apporteront encore plus de disparités au niveau mondial, peut-être même des conflits. Certains pays investissent beaucoup en intelligence artificielle tout en ne la réglementant pas. C’est dangereux à bien des égards, mais c’est également plus rapide… 

 

Et si nous allons trop vite, qu’il n’existe plus d’emplois à combler et que personne ne travaille, ce sont les fondements mêmes de l’économie qui seront amenés à changer. Est-ce que notre société est vraiment prête à ça?

Bref, Kevin reconnaît que Vooban jouera un rôle très actif dans les prochaines années afin d’avoir le plus grand impact possible chez ses clients. La compagnie doit agir dès maintenant à titre de catalyseur du virage 4.0 qui est tellement nécessaire dans les entreprises d’aujourd’hui! *